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L'EXPLOITATION DU PETROLE CONGOLAIS/ EXTRACTING CONGOLESE OIL

CORNEILLE L. NTAMWENGE, modificado hace 13 años.

L'EXPLOITATION DU PETROLE CONGOLAIS/ EXTRACTING CONGOLESE OIL

Youngling Mensajes: 4 Fecha de incorporación: 14/08/08 Mensajes recientes
L’EXPLOITATION DU PETROLE CONGOLAIS : LIEU D’APPLICATION DES VALEURS MORALES D’INTEGRITE ?


Extracting Congolese oil: an area for implementing moral integrity?

About the subject of this reflection:

Is it possible to adequately consider ethical values and principles, and human rights in the Congolese oil extraction and commerce? Can OECD Guidelines for multinational enterprises (2000) and Guiding Principles for the implementation of United Nations ‘protect, respect and remedy’ framework (2011) be implemented in the Congolese oil extractive industry?

The following paper of discussion aims to invite experts in applied ethics to help people, States and business corporations involved in the Congolese oil extractive industry in the Eastern provinces of the Dem. Rep. of the Congo. Businessmen, corporations and States should do no harm in their commercial transactions and daily practices. Thus, they should be more responsible, accountable, fair and just.



La question du pétrole de l’Est du Congo (RDC)

Les discussions sur l’exploitation des hydrocarbures de l’Est du Congo (RDC) ne datent pas d’aujourd’hui. On n’a pas encore oublié les spéculations des années 1990 sur ce sujet. Depuis 1997 nous avons toujours pensé que l’exploitation rationnelle du pétrole des régions lacustres de la RDC ne serait envisageable qu’au terme des études multidisciplinaires minutieuses et après avoir consulté les communautés politiques locales et les cités urbaines connexes, lesquelles entités politiques sont les premiers propriétaires et gestionnaires légitimes des ressources naturelles de ces régions. Et nous n’avons pas encore changé d’avis. Le sens de responsabilité pour les générations futures et l’attention aux droits et devoirs de toutes les parties prenantes dans la gestion et l’exploitation de pareilles ressources ne le permettent pas.

Cependant, l’exploitation du pétrole a déjà commencé dans le bassin du lac Albert suivant les logiques économiques traditionnelles souvent contestées par les défenseurs des droits humains et des valeurs écologiques et par ceux de la justice, horizontale et verticale, et de la paix. Le pétrole de ce lac intéresse toutes les communautés riveraines, aussi bien congolaises qu’ougandaises. Cette exploitation pourrait s’étendre aux bassins des lacs Edouard, Kivu et Tanganyika. Dans cette perspective, même les espaces apparemment protégés comme les parcs nationaux Virunga et Kahuzi-Biega ne semblent pas être épargnés par la guerre commerciale pour le contrôle des ressources naturelles. Il importe de souligner l’impact négatif des seigneurs de guerres (de 1996 à nos jours) sur ces deux parcs, entre autres.

En effet, il semble que l’évacuation de ce pétrole congolais sera facilitée par un oléoduc ou des oléoducs allant de la Région des Grands Lacs à l’océan Atlantique. L’oléoduc en projet traversera ainsi le bassin du Congo de l’Est à l’Ouest. Cela rappelle la guerre commerciale du XIXe siècle en Afrique centrale entre la voie de l’Ouest (océan Atlantique) et celle de l’Est (océan Indien). Peut-être que cette expérience commerciale d’hier n’est plus politiquement pertinente au XXIe siècle. Néanmoins, personne ne maîtrise encore les conflits potentiels sur les plans politique, économique et commercial en Afrique centrale. Qui plus est, l’expérience de l’exploitation des hydrocarbures nigérians pourrait nous instruire.

Nous savons en fait que les cités de cette partie orientale de la RDC (Isiro, Watsa, Bunia, Aru, Beni, Butembo, Rutshuru, Goma, Walikale, Bukavu, Shabunda, Uvira, Kamituga, Kalemie, etc.) s’approvisionnent difficilement en produits pétroliers par les ports de Mombassa (Kenya) et de Dar-es-salaam (Tanzanie). Les cités ougandaises, rwandaises et burundaises se trouvent dans la même situation. Cette problématique évoquée ne peut que stimuler les chercheurs en éthique appliquée, en économie et en sciences sociales, parmi d’autres. La société civile de la RDC semble avoir compris la pertinence de la question de l’exploitation des ressources naturelles par les grandes entreprises commerciales. Avant de présenter notre souhait, il importe de souligner quelques questions éthiques.


Des questions éthiques

Selon L’Avenir, journal congolais édité à Kinshasa, l’année 2011 sera décisive pour ce projet de construction d’un oléoduc en vue de l’exportation du pétrole congolais de l’Est. Citons :

Les multinationales intéressées à participer aux travaux de l’oléoduc qui transportera les hydrocarbures de la région des Grands Lacs au bord de l’Océan Atlantique disposent de 10 mois pour se faire connaître […]. « Le nombre des terminaux d’extraction et les estimations relatives à la production ont déjà suscité l’intérêt de maintes sociétés […] et les contacts pourraient être amenés à se multiplier pendant la réalisation des travaux ». Le groupe Cestari vient d’être chargé par le gouvernement congolais de « coordonner la construction » d’un oléoduc de 6500 kilomètres, visant à « canaliser tous les hydrocarbures du centre et de l’Est du Congo vers le terminal de Muanda, sur l’Atlantique.

Il importe de lire le texte intégral de ce journal ci-dessous (annexe 1). Il convient par ailleurs de consulter les documents présentés immédiatement après l’article de L’Avenir (annexe 2) afin de comprendre la question du pétrole congolais et celle de l’exploitation des ressources naturelles par les grandes entreprises dans les Etats rongés par la corruption systémique. L’évaluation de la lutte contre la corruption en RDC (2010) par le Programme des Nations Unies pour le Développement pourrait également éclairer nos réflexions éthiques sur ce thème mis en relief.

Un tel projet d’exploitation des hydrocarbures ne manquera pas de susciter plusieurs questions éthiques, notamment les suivantes.

Ce projet est-il moralement et écologiquement soutenable, justifiable ? Pourrait-il répondre adéquatement aux besoins légitimes des populations congolaises d’aujourd’hui et de demain ? Quelle serait la part du marché intérieur en cette exploitation ? Par ailleurs, qu’est-ce qui est réservé à d’autres générations ?

Bien plus, les Etats et les entreprises engagés en ce projet d’exploitation du pétrole pourraient-ils réellement se conformer aux valeurs morales d’intégrité dans la gestion et l’exploitation des ressources naturelles ? Sont-ils disposés à observer sincèrement les Principes directeurs de l’OCDE (2000) et ceux des Nations unies (2011: Report of the Special Representative of the Secretary-General on the issue of human rights and transnational corporations and other business enterprises, John Ruggie)?

Les entreprises intéressées par ce pétrole des régions lacustres de la RDC sont-elles prêtes à contribuer aux projets de réconciliation des communautés éprouvées par les guerres civiles décentralisées et de reconstruction du lien social brisé par les conflits violents en ces régions définies ? On pourrait dès lors comprendre que l’Etat congolais et ses partenaires commerciaux, spécialement les firmes multinationales pétrolières et leurs pays d’origine, devraient bien respecter les instruments multilatéraux librement adoptés (par les Etats) en vue de promouvoir l’intégrité morale, la transparence, la dignité humaine, l’équilibre écologique et la responsabilité pour d’autres générations.


Souhait : l’apport des experts en éthique

Suivant ces quelques questions retenues, on peut comprendre que les générations actuelles devraient « […] éviter de tout exploiter, tout consommer, tout vendre […]. Aussi importe-t-il de remarquer que nous ne sommes ni les premiers ni les derniers à habiter la terre [et plus particulièrement l’Afrique centrale] et de savoir que chaque génération a droit à une vie saine et aux ressources […] de la nature » (CN, 2002). Il est donc plus que temps de prendre soin de la biodiversité tropicale et de générations futures en observant les valeurs morales d’intégrité telles que l’honnêteté, l’équité, la justice, le respect et la responsabilité.

Nous osons dès lors croire que cette problématique pourrait intéresser les experts du réseau Globethics.net, plus particulièrement ceux du groupe de travail centré sur l’éthique des affaires et l’éthique des organisations. Comme défenseurs de la culture d’intégrité morale, de la culture de la paix et du respect de la dignité humaine, on ne pourrait pas négliger le débat actuel sur l’exploitation des ressources naturelles de l’Afrique centrale.


Le GLA 2000

Kinshasa, janvier 2011



Annexe 1


2011 : Une année décisive pour l’oléoduc « le plus long du monde »
(L'Avenir Quotidien 24/12/2010)

Les multinationales intéressées à participer aux travaux de l’oléoduc qui transportera les hydrocarbures de la région des Grands Lacs au bord de l’Océan Atlantique disposent de 10 mois pour se faire connaître, dit à la MISNA Alfredo Cestari, président de la compagnie italienne qui coordonnera la construction de l’oléoduc « le plus long du monde ». « Le nombre des terminaux d’extraction et les estimations relatives à la production ont déjà suscité l’intérêt de maintes sociétés – précise notre interlocuteur – et les contacts pourraient être amenés à se multiplier pendant la réalisation des travaux ». Le groupe Cestari vient d’être chargé par le gouvernement congolais de « coordonner la construction » d’un oléoduc de 6500 kilomètres, visant à « canaliser tous les hydrocarbures du centre et de l’Est du Congo vers le terminal de Muanda, sur l’Atlantique.

Selon les termes de l’accord, l’examen des compétences, des expériences et de la solvabilité financière des compagnies intéressées devra être achevé avant octobre 2011. La présentation de l’étude de faisabilité et d’un rapport « final » devra avoir lieu pendant la même période. Mais indépendamment des passages obligés et des délais techniques, le projet a également une portée géopolitique et stratégique. « Ce projet représente une intervention d’une immense ampleur – observe l’ingénieur Cestari – dont il est actuellement difficile d’évaluer la portée économique ». De telles évaluations pourront être effectuées dans un an, quand seront formés les consortiums titulaires des concessions sur chaque gisement.

Le président du Groupe Cestari imagine que « des entreprises italiennes opérant dans le domaine de l’extraction et de la production d’hydrocarbures se joindront au projet », se référant implicitement à Eni, qui a signé l’an dernier un contrat pour l’exploration et l’extraction d’hydrocarbures tant dans la région de la Cuvette centrale que dans les provinces de l’Est (du Kivu au Tanganyika). Nul doute que les compagnies française Total, britannique Tullow Oil et chinoise Cnooc – déjà implantées au Congo – soient également de la partie. Seuls 25.000 barils de pétrole par jour sont actuellement extraits au Congo, essentiellement dans le Sud-ouest atlantique. Pourtant, le potentiel du pays est immense. À la frontière de l’Ouganda, le Lac Albert renfermerait des réserves de pétrole à hauteur de deux milliards de barils tandis que la course aux concessions a commencé dans l’Est pour le Lac Édouard.

JMNK

© Copyright L'Avenir Quotidien


NB : Selon le journal Le Potentiel no 5126 du 13 janvier 2011, « un ordre a été donné d’annuler cet accord [avec le Groupe Cestari ou Italcon RDC]. Raison officieuse : Italcon RDC voulait, après la réalisation des études, devenir le passage obligé de tous les investisseurs intéressés par le projet, ce qui a conduit à l’affolement en haut lieu. De plus, certaines sources doutaient de la capacité d’Italcon à mener ces études de très grande ampleur ».



Annexe 2

Bishweka, Antoine. Le lac Kivu : du désert biologique à la corne d’abondance. Syfia Info, 1990. http://www.syfia.info/

CEPAS. Révision des contrats miniers en RDC : Rapport consolidé des 12 contrats. Le Forum de la société civile de la RDC. Kinshasa : Editions du CEPAS, 2007.

Des experts boudent l’exploitation du pétrole par l’entreprise SOCO. 3 septembre 2010. http://www.echosetfaits.com/

Eviter la « malédiction pétrolière » à l’Est du Congo (I). Le Journal Le Millénaire. http://www.lemillenaireinfoplus.com

Feeney, Patricia. La contribution des industries d’extraction au développement du Congo. Center on International Cooperation: Rights and Accountability in Development, Document Thématique no 2: Gestion des Ressources Naturelles, 2010 (10 pages).

Fig, David. Natural Resource Extraction and Human Rights-Based Abuses in Africa: Opinions, Problems, and Perspectives. Southern Africa Resource Watch: Natural Resources Views & Perspectives, Issues 04 (2 pages).

F.K. Oléoduc Graben Albertine-océan Atlantique: la RDC se détourne de l’Italien Italcon. Le Potentiel no 5126 (13 janvier 2011) 2.

Gros, Marie-France. Virunga : La Banque mondiale menace. 20 décembre 2010. http : //www.lalibre.be/

Hydrocarbures : après les mines, le pétrole. 25 juin 2010. http://www.entreprendre.cd/hydrocarbures-apres-les-mines-le-petrole/

Kamphuis, Bertin. Natural resources and violent conflicts: A curse with no cure? & Readers’ Comments, 2008. http://www.thebrokeronline.eu/

Le gaz du lac Kivu, une véritable épée de Damoclès. Le Potentiel, 11 novembre 2010. http://www.congoplanete.com/news/

Pétrole du lac Albert: Révélation des contrats congolais contestés, mai 2010. http://www.platformlondon.org/

Radio Okapi. Goma: Le projet d’exploitation du pétrole dans les Virunga suscite l’inquiétude & Commentaires. 17 août 2010. http://www.radiookapi.net/societe/2010/08/17/

Renouard, Cécile. Le Nigeria et la malédiction des ressources. Etudes 4134 (octobre 2010) 307-318.

UNDP. Fighting corruption in post-conflict and recovery situations: Learning from the past. Democratic Governance Group/Bureau for Development Policy. New York, NY: UNDP, 2010, voir spécialement les pages 105-113.

WWF. Le WWF condamne les projets d’exploitation pétrolière dans le parc national des Virunga. 7 janvier 2011. http://www.wwf.fr/